Saviez-vous que tous les immeubles Haussmanniens de Paris ne sont pas des immeubles Haussmanniens ? Le cahier des charges pour obtenir l'AOC est drastique...
On en entend déjà certains qui vont nous dire : « Vous plaisantez les gars ? Tout le monde sait reconnaître un immeuble Haussmannien avec sa belle façade en pierre de taille, ses petits balcons et ses apparts Parquet-Moulure-Cheminée. Bref, l’immeuble qu’on rêverait d’habiter… »
Ce à quoi nous répondrions : « Ne vous méprenez pas cher ami, en vérité, seuls les initiés savent reconnaitre un vrai immeuble Haussmannien ».
Les immeubles Haussmanniens AOC ont été construits entre 1852 et 1880. Tous les autres sont des copies.
Effectivement, Paris regorge de beaux immeubles en pierre de taille construits aux XIXème et début du XXème siècle. Mais cela n’en fait pas pour autant de vrais immeubles Haussmanniens.
Les vrais immeubles Haussmanniens, les vrais de vrai avec l’Appellation d’Origine Contrôlée, répondent à un cahier des charges très précis qui a été en vigueur entre 1852 et 1880. Tous les immeubles postérieurs à cette date ne sont pas des vrais Haussmanniens mais des immeubles de « Style Haussmannien ».
Le plus simple est de regarder la date sur l’immeuble, elle est parfois gravée au niveau du 1er étage à côté des portes cochères. Le problème c’est que le parfois prend tout son sens puisqu’en fait ça n’est même pas une fois sur deux…
D’autres critères permettent de les identifier. Leur hauteur devait être proportionnelle à la largeur de la rue. De fait, ils font tous entre 12m et 20m de haut et font au maximum 6 étages. Bon, c’est clair qu’avec ça, on n’est pas très avancé.
Voici les critères pour reconnaitre facilement ce type d’immeuble à sa façade :
Le Rez-de-chaussée accueille généralement des boutiques, sauf les immeubles de la catégorie Grande Bourgeoisie (ceux qu’on aimerait habiter). Il est surmonté d’un entresol au 1er étage.
Le deuxième étage est l’étage noble. Il possède une grande hauteur sous plafond et des balcons filants.
Les troisième et quatrième étages ne possèdent généralement pas de balcons ou alors ils ont été ajoutés après.
Le cinquième étage possède un balcon filant
Le dernier étage a des toits en zinc et accueille les appartements de service sous les combles
Notons qu’à une époque où les immeubles ne possédaient pas d’ascenseur, plus vous montiez dans l’immeuble, moins vous étiez haut dans la hiérarchie sociale. L’inverse d’aujourd’hui en quelque sorte.
C’est d’ailleurs de là que vient le terme étage « noble ». Le deuxième étage, accessible facilement par les escaliers, était réservé aux aristocrates et aux grands bourgeois. Par opposition le dernier était réservé aux domestiques.
Le Roman d’Emile Zola, Pot Bouille, illustre parfaitement cette hiérarchie. Si vous n’avez pas le temps de le lire, c’est quand même un gros pavé de 600 pages, vous pourrez plus simplement constater que sur les façades Haussmanniennes, plus vous êtes haut, moins vous avez d’ornements.