Saviez-vous qu’il existait au moins trois légendes concernant l’oreille de Van Gogh ?
Vous avez peut-être déjà vu l’un des autoportraits de Van Gogh où celui-ci se présente avec un bandage sur l’oreille droite. Mais connaissez-vous la véritable histoire qui se cache derrière cette oreille mutilée ?
Replongeons-nous dans le contexte. Nous sommes un dimanche soir, veille du réveillon de Noël en 1888. Van Gogh vit à Arles grâce à l’aide financière de son frère Théo dont il reçoit une lettre lui annonçant ses fiançailles. Oui, à l’époque la Poste travaille le dimanche… Il n’y a d’ailleurs que la Poste et les bordels d’ouverts. Bref, Van Gogh panique, souffrant alors de démence et d’hallucinations. Il est persuadé qu’il va être exclu de la vie de son frère. Il ne peut plus non plus compter sur son ami Gauguin avec qui il ne cesse de se disputer plus ou moins violemment. Le lendemain, on retrouve Van Gogh dans une marre de sang, l’oreille découpée. Mais que s’est-il passé pour en arriver là ?
Tout d’abord, précisons que cette histoire concerne en réalité l’oreille gauche de Van Gogh. Celui-ci, peignant ses autoportraits en se regardant dans le miroir, l’a placée du mauvais côté. Une petite anecdote à placer lors d’un dîner pour être sûr de briller…
Ensuite, il y a toute une légende à connaître autour de cette histoire. Il en existe au moins trois versions différentes et, s’il reste assez difficile de démêler le vrai du faux, nous allons vous révéler en exclusivité internationale, ou pas, la vraie histoire de l’oreille de Van Gogh.
La première version de la légende raconte que c’est le peintre Gauguin qui, lors d’une violente dispute, découpe l’oreille de Van Gogh le 23 décembre 1888. Cette thèse a depuis été largement remise en cause par l’étude des 900 lettres adressées par le peintre Van Gogh à son frère Théo, dans lesquelles il évoque ses crises de délire et ses problèmes mentaux. La thèse de l’automutilation lors d’un épisode psychotique mêlé à un sevrage alcoolique est désormais privilégiée.
Cela étant dit, Gauguin était connu pour manier le sabre à la perfection et ne se séparait jamais de son arme. Il reste donc tout à fait possible que Van Gogh ait attaqué Gauguin en pleine crise psychotique et que ce dernier se soit défendu en coupant, volontairement ou pas, l’oreille de son assaillant. Drôle d’amitié…
Cette thèse est soutenue par Rita Wildegans et Hans Kaufmann, deux universitaires, dans L'Oreille de Van Gogh, Paul Gauguin et le pacte du silence paru en 2008.
La seconde version de la légende affirme que le peintre s’est coupé l’oreille pour l’offrir à Rachel. Sympa le cadeau de Noël… C’est la dépêche du Forum Républicain qui relate ces faits une semaine plus tard, affirmant que Van Gogh « s’est présenté à la maison de tolérance numéro 1, a demandé la nommée Rachel et lui a remis son oreille en lui disant : « Gardez cet objet précieusement ». » avant de disparaître. Une maison de tolérance étant un joli terme pour désigner un bordel, on a longtemps pensé que Van Gogh avait offert son oreille à une prostituée qu’il connaissait.
Cette théorie a depuis été remise en cause. En effet, il n’existe pas de Rachel référencée dans les registres des maisons de passe, tenus scrupuleusement à l’époque. De plus, il semblerait que cette femme ait quitté la maison de tolérance en 1889 pour se marier et avoir un enfant, fait improbable pour une prostituée à l’époque. Et oui, n’est pas Pretty Woman qui veut… Tout semble indiquer que cette Rachel, en réalité nommée Gabrielle, était simplement femme de ménage dans les bordels d’Arles. Marqué par la cicatrice de morsure de chien que la jeune femme portait sur le bras, Van Gogh, qui avait failli devenir pasteur, lui aurait offert un morceau de son corps dans une posture christique.
Cette thèse est soutenue par Bernadette Murphy, historienne, dans L’Oreille de Van Gogh : Rapport d’enquête, publié en 2017 après 7 ans de recherches.
Le troisième aspect de l’histoire qui fait débat est la quantité d’oreille coupée. En effet, le docteur Félix Rey, qui aurait soigné Van Gogh à l’époque, a réalisé un schéma montrant que le peintre s’est entièrement retiré l’oreille. Cette note médicale, retrouvée dans des archives américaines, a été présentée pour la première fois au Musée Van Gogh d’Amsterdam en 2016.
Celle-ci ne fait pourtant pas consensus et Steven Naifeh, historien, remettra en cause sa crédibilité. En effet, la belle-sœur du peintre, l’artiste Signac et Paul Gachet, son médecin à Auvers-sur-Oise, ont tous les trois mentionné qu’une partie seulement de l’oreille avait été sectionnée.
Bon, vous l’aurez compris, il n’y a pas de certitude absolue quant à la « véritable histoire » de l’oreille de Van Gogh. Si la version avec l’automutilation et la femme de ménage est la dernière en date et semble très crédible et documentée, elle ne fait toujours pas consensus… Il en va d’ailleurs de même concernant la mort de l’artiste. Meurtre ou suicide, son histoire reste pleine de mystère, même dans notre interview exclusive de Van Gogh…
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