Archive : Fernande Olivier et Picasso au Musée Montmartre
- Marine Sultan
- 1 déc. 2022
- 2 min de lecture
Saviez-vous que l’on pouvait être une femme de lettres reconnue et être réduite au statut d’ex de Picasso ?
Du 14 octobre 2022 au 19 février 2023

Vous ne connaissez peut-être pas Fernande Olivier mais vous connaissez probablement Pablo Picasso. Et c’est malheureusement naturel puisque l’on parle bien plus du peintre espagnol à l’origine du Cubisme que des livres de son ex-compagne.
C’est justement pour remettre en lumière cette femme de lettres oubliée que le Musée de Montmartre lui consacre sa première exposition. Fernande Olivier a en effet été témoin de la bohème montmartroise et de l’effervescence artistique du quartier du Bateau-Lavoir. Témoignage qu’elle partage dans son livre Picasso et ses amis où elle raconte la façon de travailler de son compagnon de l’époque et sa perception de la naissance du Cubisme.
En effet, si elle se met elle-même en retrait dans son récit, elle a pourtant été partie prenante de ce tournant pour l’Art moderne. Elle sera notamment modèle pour de nombreux artistes comme Picasso, logique, mais aussi Kees Van Dongen. Elle sera d’ailleurs surnommée « La Belle Fernande » par les artistes
La seconde publication, posthume, de Fernande Olivier n’est autre que son journal intime, intitulé "Les souvenirs intimes de Fernande Olivier". On y découvre une autobiographie émouvante et crue qui témoigne de l’horreur vécue par les femmes. En effet, violée par Paul Émile Percheron à 17 ans, elle tombe enceinte et donne naissance à un fils. Elle est mariée de force à son violeur et subit des viols et violences conjugales à répétition.
A 19 ans, elle s’enfuit et abandonne son vrai nom, Amélie Lang, pour le pseudo Fernande Olivier. Elle ne dira jamais à Picasso qu’elle est mariée. En même temps, on peut comprendre qu’elle ait voulu oublier cette période de sa vie…
Bref, cette exposition est à la fois le récit d’une vie, le récit d’une époque charnière pour l’Histoire de l’Art et le récit d’une histoire d’amour complexe avec Picasso.
Le truc en plus :
Si les commissaires qui ont organisé l’exposition ne nient pas les mauvais côtés de Picasso qui a maltraité plusieurs de ses compagnes, elles précisent que Fernande Olivier n’a pas subi les mauvais traitements qu’ont pu subir certaines femmes et qu’elle est d’ailleurs la seule à avoir quitté Picasso, signe d’une emprise plus limitée sur la jeune femme.
Bon, en réalité Picasso a quand même fait des siennes dans cette histoire de couple. Jaloux, il interdit à Fernande de poser pour d’autres artistes à partir de 1905, lorsque la jeune femme accepte de s’installer avec lui. Elle se retrouve alors femme au foyer, et donc dépendante de lui.
Ensuite, après leur séparation, quand Fernande supplie Picasso de l’aider financièrement en 1932, celui-ci refuse. Il tentera d’interdire la publication de Picasso et ses amis, sans succès, ce qui permettra à Fernande de vivre décemment jusqu’en 1957. Alors acculée par la maladie et la précarité, elle envisage de publier son journal. Pour l’en dissuader, Picasso accepte finalement de lui verser un million d’euros par an. Comme quoi, il avait quand même un besoin de tout contrôler…
Musée de Montmartre
12 Rue Cortot, 75018 Paris
Tous les jours de 10h à 19h
Entrée : 15€ - tarif réduit : 10€ - gratuit -10 ans